C’est le temps

 

Le temps est venu que je laisse mes implications politiques, temps que je passe le flambeau, que j’accroche mon chapeau de Projet Montréal.

C’est le temps… que ça prend dans ma vie, que ça a pris de mon quotidien.

Détrompez-vous. Je n’abandonne pas Projet Montréal, je ne quitte pas en querelle. Je suis toute autant militante que jamais, mais maintenant, mon militantisme se fera sans que cela s’imprègne de mon temps.

Les temps consacrés aux…

Conseils d’arrondissements mensuels que j’assistais religieusement, et ce, jusqu’à la toute fin de la levée d’assemblée, souvent dépassé 22h30, des fois jusqu’à minuit. Depuis le début des années 2000.

Le travail acharné des campagnes d’élections municipales, depuis 2013.  Calcul rapide : en 2017, minimum 30 heures par semaine, souvent au-delà de 40 heures, et j’ajoute, bénévolement, après mes journées de travail.

Réunions du conseil de l’association local d’arrondissement, préparation des réunions, préparation des activités. Calcul rapide : une moyenne d’environ 20 heures par mois, souvent beaucoup plus. Depuis 2016.

Réunions du conseil de direction, entre 2017-2020.

Les temps que j’ai failli me présenter comme candidate aux élections municipales en 2005 pour l’équipe Jeremy Searle (pardonnez-moi, j’ignorais dans quoi je m’embarquais), ou quand je songeais à me présenter en 2013 et encore en 2017.

Les temps n’ont pas voulu réaliser mes vœux d’être une élue municipale. Ce n’était pas le temps d’exposer mes failles à la société, à mes proches. Parce qu’être dans la sphère public, c’est d’ouvrir la porte à ce qu’on gruge dans le passé. Mes squelettes, je n’étais pas prête à les sortir du placard (voir mon blogue https://valvenividivici.com/past-tense/ ).

En 2021, le temps de me présenter comme candidate était passé. Les temps ont changé. C’était le temps de recruter des personnes représentatives de la diversité de notre arrondissement, et j’y crois ; c’était essentiel. En plus, les réseaux sociaux, la mesquinerie, l’hostilité et le venin craché aux élu.es en tout temps ont créé un environnement toxique, néfaste et malsain. Ça ne me tentait plus.

Les temps de changement de cheffe, une vague de fraicheur.

Les bons temps, où on a vu la vague de Projet Montréal réellement prendre forme.

Les temps plus qu’exhilarant, époustouflant, quand on a gagné les élections en 2017.

Les moins bons temps, durant des prises de décisions sans consultations ou d’inclusion ; Le chemin Camille Laurin, par exemple, ou la piste cyclable sur l’avenue Terrebonne.

Les temps désastreux, lors des débâcles avec l’ancienne mairesse d’arrondissement (voir mon blogue https://valvenividivici.com/this-borough-crisis-and-me/ ).

Le temps que la mairesse Valérie Plante m’a appelé à 8h59, le matin après l’apparition de mon blogue sur la crise « Sue », quand j’étais sûre qu’elle allait me dire de retirer mes écrits des réseaux sociaux, mais qu’elle m’a dit l’opposé, pour me donner son appui et de me dire qu’elle ne laisse pas tomber notre arrondissement.

Le temps que je me suis présentée pour un poste au conseil exécutif du parti, et qu’il y a eu un effort concentré et organisé avec l’appui de notre cheffe de parti pour que je ne me fasse pas élire.

Les temps que je me suis battue haut et fort pour que le parti reste dans la bonne voie, en toute transparence, avec intégrité, en respectant ses valeurs, en s’assurant que ses valeurs incluent la diversité et inclusion, la parité et l’équité.

Les temps que je me suis amusée comme une dingue avec des personnes qui me tiennent à cœur, et les amitiés qui se sont bâtis au fil du temps.

J’ai gardé le cap tellement longtemps au sein de notre association locale, souvent naviguant presque seule, durant des longues périodes de désintérêt, de dysfonction et de discordance. À travers tout ça, je n’ai jamais perdu espoir ; Faut que ça change… on est meilleur que ça.

Avec le temps, on s’est rebâtit. On a gagné nos dernières élections à notre arrondissement, de justesse mais on y est arrivé, et avec une équipe de tonnerre. C’est ça ce que j’attendais, tout ce temps-ci. Et quelle équipe de tonnerre que nous avons ! Rien ne semble insurmontable. Il y a une vision claire, et la volonté de mettre en action toutes ces paroles qui nous font rêver.

C’est le temps d’avoir un soupir de soulagement. De relâcher mes dents serrées, de lâcher prise.

Gardienne du temps, la mémoire collective. C’était mon sort les derniers temps. Mais si vous pouvez savoir à quel point que je n’aime pas regarder en arrière, que le statu quo me lève le cœur.

C’est le temps pour le renouvellement, de nouvelles personnes, de passer à autre chose, de se surpasser.

On m’a demandé assez fréquemment les derniers jours, que vais-je faire avec mon temps, maintenant qu’il est libre de contraintes ?

C’est simple ; je vais me recentrer. Créer. Je vais respirer. Je vais prendre mon temps. C’est le temps.