J’ai pris l’habitude de me distinguer comme étant « l’autre Valérie ». Pour distinguer entre moi et la cheffe de Projet Montréal/ mairesse de Montréal, Valérie Plante. Ça évite de porter confusion durant des réunions de Projet Montréal, et ça génère des petits sourires.
La semaine dernière j’ai eu l’occasion de parler à l’autre de l’autre Valérie; c’est-à-dire, la Valérie qui m’a remplacé à mon ancien boulot. L’autre de l’autre a été embauchée il y a quelques semaines. Elle a été donnée mon ancien bureau que je partageais avec un collègue, et a été donnée mon ancien téléphone cellulaire. Elle réside Montréal, donc elle va sûrement prendre la relève de la région, et de mes anciens clients.
À date, je n’ai pas encore fait tout le transfert de mon nouveau numéro de téléphone à mes contacts personnels. J’ai été mise au courant qu’il y a eu des personnes qui essayaient de me rejoindre sans succès. Alors j’ai appelé mon ancien cellulaire, pour laisser mon nouveau numéro avec l’autre Valérie de l’autre Valérie (et oui, des fois, je parle de moi dans la troisième personne). Je suis tombée sur sa boite vocale, et pour quelques longues secondes, je pensais que j’écoutais à moi-même. C’est inouï comment elle a la même voix que moi, les mêmes intonations, les mêmes choix de mots pour le message sur le répondeur. Est-ce mon sosie? En tout cas, c’est certes, elle est mon sosie oratoirement parlant.
L’autre Valérie m’a rappelé peu après mon message sur la boite vocale. Nous avons eu une conversation très ouverte et chaleureuse, qui a suscité mon intérêt à la rencontrer un jour. Je lui ai souhaitée tout le bonheur et de l’épanouissement au travail.
Et voici où ça devient intéressant, et où je me demande à quel point qu’on a embauché une autre Valérie qui est de la même lignée que moi, l’autre Valérie….
Elle s’attend d’avoir un emploi où elle pourra s’épanouir, se développer, tisser des liens, se sentir valorisée.
Oui, en effet, nous voulons tous et toutes cela. Mais rare est l’espèce qui quitte son emploi et la stabilité afin d’embarquer dans l’inconnu.
Moi, je l’ai fait. J’ai quitté mon emploi, et ce, sans avoir un autre emploi qui m’attendais. Mon lieu de travail était devenu toxique (du moins, pour moi). J’ai perdu confiance à la direction. Il y a eu prises de mauvaises décisions, manque de communication ou bien une communication inefficace, et un manque de leadership important. Nous étions toujours en mode réactif, il manquait du personnel, c’était devenu une porte tournante (au moins un an avant de quitter, j’ai pris la décision de ne plus porter attention au nom de la personne à la réception, et aux nouveaux employé.e.s de bureau…pourquoi se tisser des liens si ces personnes ne seront plus en poste un mois plus tard?)et il y a eu de nombreux cas de burnout. Je me sentais devenir cynique, détachée, écœurée, dévalorisée, désintéressée.
Je suis à la recherche de l’harmonie totale dans ma vie. Et je sais ce que je vaux.
Ça m’a pris longtemps, des années, à avoir confiance en moi, et de mes habiletés. Je me suis pensée comme une fraude, une personne frauduleuse et sans valeur réelle, sans raison valable que l’on devrait me reconnaître, m’aimer. Plus maintenant. J’ai atteint un point dans ma vie, d’être en mesure de m’aimer, de voir ma valeur, de reconnaître ma bonté. De savoir que je suis une bonne personne. Que je suis digne de confiance, et digne de la place que j’ai au sein de ce monde.
Donc, quand ton emploi (et oui, des fois, je parle de moi en la deuxième personne) ne fais plus ton affaire (du moins, le mien)… Cet emploi que tu pensais remplissait tout tes critères d’un emploi de rêve, et que tu y seras pour le restant de ta vie professionnelle… quand tu traînes les pattes pour rentrer au boulot le matin,et que tu perds toute espérance que les choses vont se rétablir, malgré tout tes efforts… ça devient le temps de dire tes adieux.
Et comme toute relation qui prend fin, tu te demandes toujours à un moment donné, est-ce que t’aurais dû quitter? Est-ce que les choses auraient pu changer? Tu l’aime quand même, lui ( le boulot… les collègues de travail, les clients, les déplacements, le sens d’avoir fait une différence). Tu oscille entre le désir de trouver du nouveau et de retourner à ton ancienne flamme… ah quelle déchirure, quel brise-cœur.
Et que tu entends ton sosie, ton toi, mon autre Valérie de l’autre Valérie parler, mon moi-même qui parle, et que tu / je, ne veux rien que du bonheur pour elle…pour moi…
Ces mots, ce souhait qu’elle soit heureuse dans mon ancien boulot, je le souhaite au plus profond de mon cœur, de mon âme, que son bonheur, j’espère qu’elle le trouvera.
Et moi, d’ailleurs dans mes nouveaux projets.