I
Il y a quelques temps, je suis allée au Grand Rendez-Vous (GRV) de la CNESST, un congrès sur la santé et sécurité d’une durée de deux jours. Il y a des conférences et des mini-formations, mais j’y allais pour voir les différents kiosques, ainsi que pour faire du rattrapage avec mes anciens collègues de travail et connaissances que j’ai fait au fil des années. J’espérais aussi de faire des contacts. Je suis, après tout, présentement sans emploi et à la quête d’une direction de carrière.
Les dernières années, je participais au GRV en tant que représentante de mon employeur. J’ai aussi assisté à des conférences, et j’ai donné des conférences aux colloques de la CNESST en région, notamment au Saguenay. Le milieu ne m’est pas inconnu.
Typiquement, quand je faisais la tournée des kiosques, ma méthode étais toujours de la même façon; c’est-à-dire, je me dirige vers un point au fond, et je zigzag d’une rangée à la fois. Assurément, je n’étais pas pour changer ma routine, peu importe le fait que je ne suis plus à l’emploi de mon ancien boulot!
Je me dirige vers la rangée du fond, côté droit de l’entrée, bizarrement, c’est ma routine, mais qui va à l’encontre de ma conviction profonde de toujours me diriger vers la gauche. J’ai été attiré vers, et je me suis arrêtée au quatrième kiosque du côté gauche de la première rangée (bon, pourquoi tant de détails? Alors, tout ce qui est à gauche est toujours un meilleur choix, de mon avis, et étant que le chiffre 2 est mon préféré, et 2+2=4, ainsi que 2×2+4, donc le numéro 4 est autant fabuleux!). C’était le kiosque de l’université de Sherbrooke; un de mes choix pour des futurs études supérieurs.
Je commence à prendre de l’information et à parler à une représentante de l’université. Je lui dis que je suis à la recherche d’un programme d’études spécifique, puisque ma réflexion est sur les risques psychosociaux; ce qui m’intéresses est de faire une maîtrise, avec mémoire (oui, je veux plus de travail!!) Je veux faire une recherche approfondie sur la santé psychologique au travail dans le secteur de construction, faire le bilan de la situation actuelle des risques, les causes, les effets directes et indirectes, et surtout de donner des outils organisationnels applicables et viables spécifique au secteur. En premier lieu, on me parle de microprogrammes de deuxième cycle, qui sont offerts au campus de Longueuil. Mais ces programmes n’offrent pas la possibilité d’un mémoire.
Et là, on commence à me parler d’un autre programme; une maîtrise offerte à l’école de gestion, à Sherbrooke-même. Le programme s’appelle « intervention et changement organisationnel ». C’est une maîtrise concentrée, d’une durée d’un an. Le plus de détails qui me sont donnés, le plus que je deviens intéressée à en savoir plus, et le plus que je ressens une sensation de frissonnements; mes sens de chamanes se tordent, je suis interpellée, et chaque fibre de mon corps est sur alerte.
On me donne une carte d’affaire, et on me dit que si j’ai besoin de plus de renseignements, de ne pas me gêner.
Alors, je continue sur ma tournée du congrès. J’y vais avec un sourire, inspirée et interpellée vers le futur. Je rencontre des anciens collègues de travail, des gens qui me tiennent à cœur, et je me sens dans mon élément.
Je parle de mes idées à quelques personnes sur mon chemin; notamment, à un professeur d’une autre université qui tient un kiosque et qui ne me connais pas. En jasant avec lui, il me laisse savoir qu’il sera possiblement intéressé à être mon co-directeur de mémoire!!! Je réitère, je n’ai jamais fait sa rencontre au préalable. Ensuite, je jase avec une personne au kiosque de la BNQ, on échange sur les normes de santé et sécurité et de santé psychologique au travail. Je lui dis à propos de ma quête pour un programme universitaire, et les choix de profs et d’universités. On échange sur les profs experts de leurs domaines, ceux et celles qui pourraient m’aider, ceux et celles qui ne sont plus disponibles. Elle me recommande fortement le programme à l’université de Sherbrooke. Et j’ai un autre frisson.
Je quitte le GRV plus que motivée. Je sens une direction.
II
Rendue chez moi. Je commence à faire de la lecture sur le programme à l’école de gestion, et je me rends sur le site de l’UdeSherbrooke. C’est à ce moment que j’allume que la maîtrise en est une en administration! Quoi?? Je suis attirée aux études d’admin????? Ok, là, c’est plus que bizarre. Néanmoins, je me dis, « what do I have to lose » en posant plus de questions, donc j’envoie un petit courriel à la personne rencontrée au congrès.
Elle me répond. Pas la semaine suivante, pas le lendemain, mais quarante minutes plus tard (oui, 40 minutes!). Elle a mis en cc une autre professeure, qui est en congé sabbatique, et elle m’a recontacté 6 minutes plus tard. Et je deviens de plus en plus impressionnée….
On répond à toutes mes questions et plus encore. On me donne une autre personne contact, la personne responsable du programme au campus. Je demande de faire un rdv avec elle et de faire un petit tour du campus. On se fixe une date pour la semaine suivante.
III
Ceux et celles qui me connaissent, à ce moment de lecture, sont sûrement en train de se poser plein de questions.. Est-ce que j’ai virée folle? De un, retourner aux études à ce stade-ci de ma vie, quand la majorité de personnes sont en réflexion de retraite (j’ai 53 ans). De deux, c’est à Sherbrooke, il faudra forcément que je déménage. De trois, et surtout de trois, une maîtrise en administration!?! Moi, l’artiste? Je n’ai pas le profile typique de quelqu’un qui se dirige vers l’admin.
Bon, et puis? Et pourquoi pas? Oui, mon baccalauréat n’a rien à foutre avec la gestion ni l’admin. Oui, je suis une artiste. Oui, mes études ont été en beaux-arts. Et puis?
Vous savez, mes études, c’est ça qui m’a mené où je suis rendue aujourd’hui, qui m’a amenée à avoir une forte appréciation et capacité pour la lecture, la recherche d’information, que ce soit en matière artistique, historique, légale, environnementale, sociétale, ou par rapport à la santé et la sécurité. Ceci m’a permis d’appliquer directement mes connaissances à mon emploi comme préventionniste, et à toute autre instance de travail, et d’avoir développé un sens de pensée et d’esprit critiques.
Qu’ai-je fait les dernières années, autant au boulot que dans mes projets externes, mes implications politiques, n’est-ce pas de la gestion? Qu’attendons-nous par ce libellé administrateur.e , de toute façon? On a tendance à penser à une personne cartésienne, structurée, un « numbers cruncher », économiste, souvent assise en haut dans une tour d’ivoire, pas trop accessible sur le terrain des vaches. Moi, je dis non. Les meilleur.e.s administrateur.e.s sont ceux et celles qui ont des approches créatives, innovatrices, transparentes, et proches de la base.
Moi, je veux avoir un impact. Je veux faire une différence, je veux améliorer le milieu de la construction, je veux que le secteur soit en santé. Parce qu’en réalité, les gestionnaires ne sont pas outillé.e.s pour le faire. Les moyens qu’ont les autres secteurs sont difficilement transférables. Pourquoi pas, alors, bâtir des outils propres pour le secteur, et des façons viables de transférer ces connaissances? Et moi, je dois bâtir mes propres outils à moi, pour que je puisse le faire. Et ça, c’est à travers un programme de gestion et d’administration, qui me donnera des moyens et la crédibilité pour atteindre le prochain niveau de ma carrière.
IV
Je suis allée visiter l’université de Sherbrooke. Ah, j’ai eu un vrai coup de cœur, un véritable coup de foudre! Je suis allée voir le campus, et on m’a répondu à toutes mes milles et une questions et plus. Si je pouvais plonger dans les études aujourd’hui, je serais une femme plus qu’heureuse. Je suis prête à un nouveau défi.
Il me manque des cours au préalable (cours de management, ressources humaines et comptabilité), que je dois faire avant la session d’automne de 2019. Ça va être un vrai jonglage, avec un emploi, mes implications politiques au sein de Projet Montréal, et les cours universitaires. Je dois non seulement réussir les cours, mais les réussir de façon éclatante pour l’entrée au programme de maîtrise. J’ai comme l’impression que cet hiver ne sera pas trop reposant.
V
Entretemps, back at the ranch comme on dit en anglais, il faut que je gagne mon pain. Oui, j’ai quitté mon boulot il y a deux mois, sans en avoir un autre en vue. Et non, ce n’était pas un coup de tête. C’était un choix délibéré et réfléchit, une décision essentielle pour mon mieux-être. Néanmoins, être sans emploi doit avoir une fin, sinon on crève de faim! Et puis, en plus, j’ai un nouveau cheminement à faire. J’ai réussi mon examen d’équivalence de la CNESST d’agent de prévention sur les chantiers de construction, et j’ai un stage de trois mois à faire. La question est où, et pour qui?
Mon parcours professionnel a fait en sorte que j’ai développé des expertises assez importantes, et je veux mettre ça au profit d’un employeur ou d’un chantier qui s’accorde avec mes valeurs, qui a déjà une culture en santé et sécurité assez prononcée. Ah, mais je reprends mes études à temps plein au mois de septembre 2019, si tout va bien. Quoi faire avec cela? Les employeurs veulent que je m’engage pour une période d’un an. J’ai débattu avec ma conscience, et je ne pouvais pas ne pas le dire à ceux et celles qui m’ont offert des emplois. Je croix fortement à l’honnêteté et la transparence. Malheureusement, en me rendant transparente, j’enlevais la possibilité de travailler sur certains chantiers qui m’interpellaient, ou à un salaire qui mérite mes champs d’expertise.
Ce que je cherche, en ce qui concerne mon prochain emploi, est aussi la proximité à mon chez-moi, afin de réduire mon emprunte environnemental. Idéalement, c’est d’être en mesure de me rendre sur le chantier soit à pied, à vélo ou en transport en commun. J’ai aussi un chien vieillissant et malade, donc travailler trop loin, n’est pas envisageable. Heureusement pour m’aider à faire un choix, à Montréal et proche de chez moi, les chantiers sont à perte de vu! On baigne en chantiers!
VI
J’ai passé les derniers jours à préparer toute ma documentation pour le dépôt de ma candidature à la maîtrise à l’université de Sherbrooke. Et voilà! C’est fait! J’ai tout envoyé, il ne manque que les trois lettres de références qui serons acheminées directement à l’université par ceux et celles qui les écrivent. J’espère seulement que cela ne prendra pas trop de temps qu’ils les envoient.
Alors ma demande d’admission au programme est faite, je suis en attente d’une réponse. Je suis sur des charbons ardents en attendant.
VII
Et voilà, que ma décision est faite pour mon boulot jusqu’au moment du commencement d’une maîtrise. Je m’engage à mon stage et à un contrat d’agent de prévention au CHU Sainte Justine, et je commence à travailler début décembre. J’ai hâte à ce nouveau défi.
VIII
Et j’ai hâte aux résultats de l’analyse de mon dossier à l’université de Sherbrooke, en espérant plus que fortement qu’ils vont accepter ma candidature, pour que je puisse commencer à maîtriser.
tu as belle plume dans ton récit.
tu y va avec ton coeur , tes ressentis.
Bravo.
Sherbrooke est aussi un bel endroits.
Ont reste à l affut des autres textes
Merci!
I think understood most of this Val, your French as well as your aptitude in writing skills is sublime, mine is passable🙄.
Congrats👍 well done👌 how courageous😮, may you experience only success in all of your future endeavors🙏 .
You’re an inspiration😎, thanks/merci pour sharing❤️.
Stay real & fly straight hun💋